DESCRIPTION |
Extrait du Patrimoine industriel de Wallonie, A. VERLAINE Situés sur un terrain enclavé entre la Meuse (rive gauche en aval de Namur) et la voie d'un chemin de fer Liège-Namur, les Moulins de Beez sont constitués d'un ensemble de bâtiments (chaufferie, salles de machines, salles de nettoyage, silos, moulins, magasins, maisons du chef-meunier, ateliers) destinés au fonctionnement d'une minoterie dont la construction par la S.A. "Les Anciens Moulins de Namur et de Jambes" a débuté en 1901. Plusieurs fois modifiés, agrandis, ou partiellement reconstruits, ces bâtiments ont subi jusqu'en 1986, date de la cessation de leur activité, toutes les transformations dues aux adaptations technologiques, aux nécessités commerciales et aux incendies, fréquents dans cette branche d'activité industrielle. |
Le moulin proprement dit, pièce maîtresse de ce beau site industriel de Meuse, est constitué de deux bâtiments principaux reliés par une passerelle au niveau du premier étage. Vers Beez, le bâtiment de transformation est lui-même composé d'une partie nettoyage et d'une partie moulin. Vers Namur, on trouve le bâtiment de stockage. L'espace laissé libre entre les deux a été comblé par un silo en béton dénaturant fortement l'ensemble. Par sa qualité architecturale et son emplacement, la bâtiment constitue un véritable monument qui donnera à la minoterie une image, véritable "logo" publicitaire. Construit sur quatre niveaux, il impose au fonctionnement de la minoterie une disposition verticale. L'ossature des planchers du moulin et du bâtiment de nettoyage est constituée de gîtages en bois portés par des colonnes de fonte, tandis que celle du bâtiment de stockage est en béton armé. Mais c'est la composition architecturale du bâtiment, réalisé exclusivement en briques, qui est remarquable. Elle est caractérisée par la répétition d'une travée-type, "une marque de fabrique, sorte de vocabulaire décoratif généralisé, qui, à travers un répertoire simple, agit comme un signe d'appartenance étendue à l'ensemble des constructions". La travée-type se retrouve, avec des variations, sur toutes les façades des deux bâtiments : tantôt dans le plan de la façade, tantôt en léger ressaut, tantôt en forte saillie. Les travées s'ornementent en outre d'éléments marquants, tel le fronton rectangulaire muni de meurtrières aveugles et de quatre tourelles en maçonnerie sur la façade nord du bâtiment de transformation, tel le "beffroi", travée unique formant cage d'escalier, entre le bâtiment de nettoyage et le moulin, supportant dans sa partie supérieure une citerne à eau de pluie, formée également de tourelles et de meurtrières. Bref, tout est organisé dans le traitement de l'architecture des Moulins de Beez pour rappeler l'architecture militaire. Extrait de TH. CORTEMBOS, Attachée au Patrimoine La minoterie, ayant pour objet l'exercice de l'industrie de la meunerie, le commerce de grains et farines, fut construite en 1900-1901 dans une zone bien desservie par les voies de communication dont elle avait besoin : elle recevait la matière première par voie d'eau et commercialisait la farine par voie de fer. Globalement, la répartition des fonctions s'opérait comme suit (plan schématique de Dominique Damoiseau) : |
|
Le bâtiment B, à l'ouest du site, accueillait côté Meuse les silos à grains pour le stockage du grain "sale", dans 18 cellules d'une contenance totale de 2700 tonnes (n°9). La partie côté chemin de fer était réservée au magasin : ensachage et stockage de la farine en sac (n°10). Le bâtiment A, à l'est du site, comprenait le moulin proprement dit (n°6), auquel se branchait perpendiculairement la salle de la machine à vapeur d'une part (n°3) et les salles de nettoyage et du traitement du grain d'autre part (n°4), jouxtées du silo d'attente (n°5). Ces deux bâtiments étaient reliés étaient reliés entre eux par une passerelle au niveau du premier étage pour assurer le transit du grain et de la farine. Isolée à l'ouest se trouvait l'ancienne maison du chef meunier (n°11). La complexité de fonctionnement de la minoterie exigeait la présence permanente du responsable compétent dans tous les domaines de la meunerie. Des bureaux ont été construits en 1950 parallèlement à la Meuse et des silos en béton sont venus se bloquer entre les deux bâtiments en 1954. Enfin, une série de 2 x 6 silos métalliques dont les silhouettes marquent étonnamment ce paysage industriel se trouvent à l'extrémité est. |
|
Les Moulins de Beez s'imposent par la forme de leurs volumes dont les maçonneries en brique, brutes, âpres, n'ont d'adoucissement que leur modénature (= proportions et galbes des moulures déterminant par la combinaison des saillants et des retraits, des jeux d'ombre et de lumière). Fonctionnalisme de cette architecture industrielle qui n'a quand même pas négligé l'image qu'elle voulait donner d'elle-même. Austérité et subtilité des surfaces murales se répandent ici, par le jeu des matières, la terre cuite et le métal, et par celui des pleins et des vides. Les châssis métalliques y prennent toute leur importance par leur légèreté et leur graphisme très fin. Leur technique "élémentaire" qui évoque la membrane tendue, est une composante importante de cette architecture. |
|
|
|
Dernière mise à jour 01/10/2014 |
Conception : Pierre Bollen |